Il me secoua tellement fort que j'en avais la tête qui tournait. Mais pourquoi? Qu'est-ce qui lui prenait? Je ne comprenais plus rien...
"Tu n'es vraiment qu'une petite écervelée! Mais qu'est-ce qui t'as pris?" et il me gifla tellement fort que ça m'envoya au sol.
"Ramènes tes fesses à l'intérieur!" gronda t-il.
"Mais qu'est-ce qui te prends?! Pourquoi tu m'agresses ainsi?"
"Tu vas vite comprendre!".
Tout en me ramenant à l'intérieur, il me reprochât d'avoir ouvert sa "pièce secrète". J'étais déboussolée, mais ce n'était pas tout. Il me racontât que la femme que j'avais vu dans cette chambre était sa sirène. Je ne vous cache pas ma surprise... Une...une sirène?
"Mais qu'est-ce que tu croyais? Que c'était mon travail de fonctionnaire qui pouvait nous offrir tout ce train de vie? La maison somptueuse, les voyages, les voitures et toutes tes folies financières? Qu'est-ce que tu crois? Que j'ai un arbre magique qui produit de l'argent? Eh bien non! J'ai passé un pacte avec une sirène et c'est elle qui me procure tout ceci. Tu peux faire la choquée tant que tu veux, mais c'est toi qui l'a effrayé et l'as fait partir alors tu vas la faire revenir, sinon nous sommes ruinés."
"Mais comment je suis censée faire ça? Je ne sais même pas de quoi tu me parles..." répondis-je en pleurant.
"Je m'en fiche, tu vas le faire et puis c'est tout! Tu penses avoir le choix?!"
Honnêtement, j'étais sonnée... J'étais en train d'assimiler ce qui était en train d'arriver. Comment avais-je fait pour me retrouver dans une situation pareille? Mais il était trop tard pour faire marche arrière. Et le pire c'est que je ne pouvais même pas en parler à Larissa. J'étais seule face à tout ce merdier. Edouard...comme je m'étais trompée sur lui! De l'homme doux et attentionnée qu'il était avant cet incident, il avait viré à ce type qui me terrorisais presque...
Il avait passé toute l'après-midi à tourner en rond sans m'adresser le moindre mot. Et quand enfin il daigna me parler, ce fut pour me brifer sur ce que je devais faire pour que sa sirène revienne. J'écoutais l'air hagard, complètement ailleurs, mais honnêtement est-ce que j'avais le choix?
En somme, je devais accomplir un rituel seule au bord de la mer pour la supplier de revenir en amenant avec moi sa nourriture favorite: des oeufs crus. Le rituel devait débuter à 1h du matin. Je stressais mais à un point, mais comme je l'ai dit à ce moment là je n'avais pas d'échappatoire. J'allais devoir le faire.
A minuit, nous nous sommes mis en route, direction les berges du Wouri. Edouard avait pris la peine de mettre une cuvette remplie d'oeufs à l'arrière de la voiture. Peu à peu, j'étais gagnée par la peur...
"Ne t'inquiètes pas tout va bien se passer" me dit Edouard. "Il n'ya aucune raison qu'elle te fasse du mal si tu fais exactement ce que je t'ai dit."
Très rassurant! Arrivé à destination, il gara la voiture pas loin et nous descendirent à pied jusqu'aux berges. Une fois sur place, il me dit: "Tiens toi juste à ce que je t'ai dit et tout ira bien. Il faut absolument qu'elle sente que tu es sincère. Je reviendrais te chercher à 4h. Bonne chance!" et il s'en alla sans un regard en arrière.
J'étais maintenant seule face à cette étendue d'eau, désemparée. Je me mis toute nue comme il me l'avait demandé et je commençais les incantations...
"Myrona, je me tiens devant toi humble et pleine de remords. Je te prie de revenir à la maison. Qui suis-je pour te faire partir? Reçois ce cadeau, signe de ma soumission" et je me mis à lancer les oeufs dans la mer, un à un en répétant la même phrase.
Je ne savais pas si elle répondrait favorablement, mais au bout d'une heure et demi, j'avais extrêmement froid et mes jambes tremblaient. Mais que faire? Je n'avais pas le choix, il fallait continuer. Au bout de pratiquement deux heures, je vis quelqu'un venir au loin. J'avais peur, mais je faisais ma farouche continuant le rituel. C'était un vieux Mr, un pécheur sans doute qui allait lancer ses filets. Dieu merci! Qu'est-ce qui pouvait bien me faire? Je le regardais un instant alors qu'il passait et je me remis à invoquer la sirène. Il s'éloignat au loin, mais à un moment, il se retournât et revint sur ses pas. Mais qu'est-ce qu'il voulait?
"Liliane? Liliane Etonde? C'est toi ma fille?"
Mais comment pouvait-il connaître mon nom? Je ne le connaissais pas.
"Liliane c'est moi. Tu ne me reconnais pas? C'est papa Ebouelè. Je péchais avec ton père à l'époque où tu n'étais qu'une enfant, mais je n'ai pas oublié ton visage."
"Je ne vous connais pas Mr passez votre chemin. Vous vous trompez de personne."
"Mais non ma fille, je ne me trompe pas. C'est bien toi. Mais qu'est-ce que tu fais ici à cette heure? Ma fille peu importe ce que tu fais, tu devrais arrêter. C'est dangereux, je t'en supplie."
"Pour la dernière fois Mr, je ne vous connais pas. Passez votre chemin! Et je vous préviens ne dites à personne ce que vous venez de voir." lui dis-je en lui jetant un regard noir.
Abasourdie, il m'obéit et continuât son chemin en secouant la tête. Bien sur que je l'avais reconnu, c'était un vieil ami à mon père. Mais sur le moment j'avais d'autres chats à fouetter, je n'avais pas besoin de distraction. Je finis donc le rituel tant bien que mal et me rhabillât. Les oeufs étaient finis dans la cuvette et j'avais hâte qu'Edouard vienne me chercher. J'avais tellement froid et besoin de dormir. A 4h pétantes il était là , heureusement il m'avait apporté une couverture. Le trajet menant à la maison semblait long tellement le silence était pesant. Avant d'aller au lit, il me posa néanmoins une question: "Ça s'est passé comme je l'avais recommandé?"
"Oui j'ai fait tout ce que tu m'as dit."
"Dans ce cas, tout devrait revenir à la normale. On verra bien les jours qui viennent." Et c'était tout. Pas plus pas moins...
Je voulais tellement que tout ça soit derrière nous et enfin retrouver mon homme, mais on a pas toujours ce que l'on souhaite dans la vie. Le rituel marcha mieux que je ne l'espérais, car quelques jours après la sirène revint. Bien sur je ne l'avais pas vu de mes propres yeux, mais je le compris au changement d'attitude d'Edouard. Il était redevenu souriant et facile à vivre. Un jour, il me dit: "je suis désolé d'avoir été autant dur avec toi, mais tu as réparé ton erreur alors tout ira mieux maintenant je te promets."
Honnêtement, j'étais contente de ce changement d'attitude parce que j'étais fatiguée de ses remontrances incessantes et de ce froid qui s'était installé entre nous. Mais ma joie fut de courte durée, car maintenant que j'étais au courant de tout ce qui se passait, Edouard n'avait pratiquement plus de temps pour moi. Lorsqu'il rentrait le soir, il passait le plus clair de son temps enfermé dans cette fameuse chambre. Il ne passait même plus ses nuits avec moi. Tout ce à quoi j'avais droit c'était un bonjour le matin et un "à plus tard" lorsqu'il sortait. J'avais maigri au fil du temps tellement cette situation me pesait. Même Larissa s'inquiétait énormément à propos de mon état de santé.
J'étais tellement à bout un jour que je me décidais enfin à lui en parler, j'avais vraiment besoin d'évacuer. A la fin de ma confession, elle me conseillât de quitter Edouard, de m'enfuir parce que si je restait là d'après elle ça se finirait mal. Mais je ne pouvais pas c'était mon mari et en plus, j'avais nulle part où aller. J'étais pas prête encore à renoncer à cette vie, j'allais d'abord me battre pour ce qui m'appartenais. C'est là où j'ai commis ma plus grande erreur... J'aurais dû écouter Larissa, mais le temps que je m'en rende compte il était trop tard...
Ce fameux jour, poussée par la rage et la jalousie je décidais d'affronter cette créature, ce démon. Elle avait éloigné de moi mon mari et était la cause de tout ce stress. Dire que c'est moi qui l'avais fait revenir, elle allait vite dégager. Mais je n'étais pas préparée à ce qui allait arriver, car aussitôt que j'ouvris la porte et qu'elle se refermât sur moi, je me retrouvais dans le noir total, prise au piège. Je ne pouvais rien voir, rien du tout. Apparemment, la sirène m'attendait de pied ferme! Elle me frappa d'abord au visage avec ses griffes acérées. Je sentais que je saignais...
L'instant d'après, je volais à travers la pièce comme une feuille de papier. Je ne pouvais pas la voir, mais elle oui. J'avais mal de partout. J'essayais de me relever, mais une fois que je fus debout, je sentis un souffle derrière moi. Elle enfonça ses doigts dans mon dos au niveau de ma colonne vertébrale et me la brisât. J'eus un mal de chien, mais je n'arrivais pas à crier. Aucun son ne sortait de ma bouche...
"Tu n'aurais jamais du venir! Croyais tu vraiment que tu pouvais te mesurer à moi?" me dit-elle en ricanant. "Comme tu es naïve!". Et elle m'envoya une fois de plus valser à travers la pièce. Ma tête heurta violemment un mur et c'était tout. Le noir total! J'étais encore inconsciente lorsque Edouard rentra ce soir là . Il resta là à m'observer sans rien dire jusqu'à ce que je me réveille. J'essayais de toutes mes forces de me lever mais rien. J'étais couverte de sang et je ne sentais plus mon corps. C'est là où je compris que je ne pourrais plus jamais marcher, ni rien faire d'ailleurs.
Sans un mot, Edouard me porta jusqu'à la baignoire et me nettoya de tout ce sang dont j'étais couverte, ensuite il me transporta jusqu'au lit. Les larmes n'arrêtaient pas de couler le long de mes joues. Comme j'avais été stupide! Pourquoi diable avait-il fallu que je croise son chemin? Qu'allais- je faire maintenant?
"Tu n'aurais jamais du aller la voir! Tu n'aurais pas du... Qu'est-ce que je vais pouvoir faire de toi maintenant? Je ne veux pas d'une femme tétraplégique...". Voici les seuls mots qu'il trouva à me dire ce soir là , avant de sortir en claquant la porte.
Je maudis le jour où j'ai croisé son chemin! Ce qui me faisais le plus mal c'était les paroles de mon père qui n'arrêtaient pas de tourner dans ma tête. "Éloignes toi de lui au plus vite! Il ne te veut pas du bien..." m'avait-il dit et je ne l'avais pas écouté... Comme je regrettais! Mais il était trop tard...
Quelques semaines après, agacé par ma présence Edouard décida d'aller me "jeter" chez mes parents. Oui, c'est le mot approprié... Il me déposa dans ma chaise roulante devant la porte de mes parents un soir et s'en allât comme un voleur. J'étais morte de honte! Comment allaient-ils réagir? Allaient-ils me rejeter? C'est ma mère qui ouvrit la porte. Elle s'immobilisa un moment en me voyant là inerte dans mon fauteuil, le visage ruisselant de larmes...
"Lili, ma chérie, mon enfant, ma toute petite..." et elle me prit dans ses bras. "Ça va aller, ça va aller, arrêtes de pleurer..."
"Mamannn je suis tellement, tellement désolée... Pardonnes-moi je t'en prie!"
"Il n'ya rien à te faire pardonner mon bébé." dit-elle en pleurant "Je suis ta mère et je t'aime tu le sais ça, alors ça va."
Je ne m'étais pas rendue compte que les autres s'étaient amassés au niveau de la porte et nous observait (mon père et mes soeurs). Je guettais leur réaction, mais ils n'y avait que de la compassion dans leurs yeux. Tous m'embrassèrent et on pleurât ensembles... Jamais ils ne me firent me sentir mal à l'aise, ils me traitèrent comme la Liliane d'avant même si je n'étais plus la même. Pour ce qui est de mon père, jamais il ne fit de réflexion désobligeante mais je pense qu'il devais se dire que j'avais assez payé pour les mauvaises décisions que j'avais prise...
Ainsi s'achève mon histoire... Ne vous apitoyez pas sur mon sort, car quelques fois on doit apprendre certaines leçons soi-même, même si c'est de la pire des manière. Ce que vous devez retenir de mon récit c'est qu'il faut apprendre à se contenter de ce qu'on a même si c'est rien, sinon travailler dur pour l'obtenir et deuxième leçon et la plus importante: Toujours écouter les conseils de nos parents car ils ont du vécu et quelque fois ils voient le mal venir de loin alors que nous non.
FIN.
lundi 26 juin 2017
Mon mariage, ma descente aux enfers (The End)
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